The Barr Brothers

« What would an ocean be without a monster lurking in the dark? It would be like sleep without dreams. »
– Werner Herzog

Acte 1
Intérieur; 2008, Montréal; section adjacente de deux appartements

Brad Barr et Sarah Pagé se rencontrent quand le jeu de harpe de Sarah traverse les minces murs séparant leurs appartements. Inspiré, Brad tente d’apprendre sa musique à travers ces murs de plâtre. Ils se rencontrent et deviennent amis. Sarah, une harpiste expérimentale, a joué avec plusieurs orchestres et performé avec l’illustre Lhasa de Sela. Brad, récemment arrivé des États-Unis, joue depuis des années avec son frère Andrew dans le groupe The Slip, originaire de Providence et basé à Boston. Brad suit Andrew à Montréal après qu’un incendie se déclare dans un club de la ville, provoque un coup de foudre et les pousse à traverser la frontière. Les deux frères et Sarah commencent à jouer ensemble et à enregistrer dans leur studio de fortune ce qui deviendra ultimement leur premier album, The Barr Brothers; un folk Americana teinté de Delta Blues, qui ouvre également la voie à des rythmes et sonorités puisant dans les traditions Ouest africaines.

Acte 2
Extérieur; le Grand Canyon, 2012; le groupe est installé au sommet.

Après la sortie de leur album sous l’étiquette Secret City Records et rejoint par le multi-instrumentiste Andrès Vial, les quatre membres du groupe font plusieurs tournées. L’heureux quatuor décide un jour de s’installer au sommet du Grand Canyon et demande aux touristes présents de filmer leur performance sur iPod. Une longue année de route et de spectacles mêlée à la chaleur de cette journée assujettit les musiciens à de telles rêveries hallucinatoires. Au court de leurs nombreux voyages parsemés de hauts et de bas, ils auront la chance de performer pour le David Letterman Show, de faire la première partie d’Emmylou Harris, de perdre autant de matériel qu’ils en auront acheté, d’être nommés au Juno Awards, de figurer au programme de festivals de l’Islande à Portland et d’apprendre à faire de bons mojitos.

Acte 3
Intérieur; studio d’enregistrement; 3AM; un demi-verre de whiskey repose sur un orgue Hammond.

Les quatre membres des Barr Brothers sont assis derrière leur instrument dans une grande salle à Montréal — un studio d’enregistrement construit dans les années 70 (et décoré exactement comme à cette époque). Ils ont fait confiance au solide Ryan Freeland (B. Raitt, R. Lamontagne) pour les aider à enregistrer et mixer leur deuxième album, Sleeping Operator. Tout est enregistré en direct, incluant les voix. À la fin de l’année, après avoir travaillé dans plusieurs studios (incluant même une session avec Valgier Siguròson (Bjork, Sigur Ros)) et après avoir collaboré avec plusieurs amis, ils ont enregistré près de 40 chansons pour n’en conserver que 13. Sleeping Operator est un album dense, riche et une continuité évolutive, construite après que les musiciens aient touché à l’inconnu.

À 4AM, le batteur écrit une lettre au patron de la compagnie de disque. Elle se lit ainsi:

Hey ________,

Je comprends que cet album peut sembler jusqu’ici un peu pêle-mêle. Par contre, nous avons une vision de plus en plus claire et nette de ce que sera le produit fini et ça devient vraiment excitant.

Voici ce que j’en pense:

Depuis que nous avons commencé le travail pour cet album avec Ryan, il y a eu deux mariages, deux bébés et plusieurs kilomètres parcourus à travers le monde. Inutile de dire que ces expériences furent libératrices, joyeuses, mais aussi intenses en raison de ces nombreux changements et bouleversements de vie.
Cet album reflète selon moi la complexité qui dépasse tout ce que nous avons pu faire avant. Non pas musicalement compliqué, mais complexe. Il a un côté brumeux et chaud, comme une grosse couverture de laine couleur rubis, un poids accueillant, chaleureux et libérateur, rappelant les nombreux changements que nous avons vécus et qui nous ont fait grandir, en bâtissant notre communauté, nos familles, etc.

Nous aimerions que le diamant dessiné par Brigitte soit l’illustration pour la pochette. Cette image mélange l’aspect primitif à un côté “d’une autre planète”, tout en gardant la beauté « usée » que nous recherchons dans notre musique.

Ok, c’était mes réflexions, en direct du sofa au studio. Les premiers mix sont en route!

Appelle-moi si tu veux en parler.